Boxing Day, une si vieille tradition

Du football le 26 décembre ? Au Royaum-Uni, avant d’être un événement télévisuel, ce fut surtout un important acquis social. Au 19ème siècle, dans les grandes maisons victoriennes, les domestiques n’avaient qu’un seul jour de repos par an. Pas Noël, évidemment, puisqu’il fallait redoubler d’efforts, ce jour là, pour être aux petits soins pour la famille des maîtres. Non, le lendemain, 26 décembre. Les domestiques pouvaient manger librement les restes du dîner de la veille, après quoi ils étaient libres d’occuper leur temps comme bon leur semblait. Et pourquoi pas en allant assister à un match de football ? Dès la naissance de la League, en 1888, le Boxing Day devint l’une des dates les plus importantes de son calendrier, encore qu’il fallût attendre plus de dix ans pour que ce jour de fête devienne une habitude. Ce jour-là, les stades étaient systématiquement pleins. Les dirigeants, qui savaient faire leur compte, décidèrent donc de multiplier les matches pendant ces périodes de fête. A partir de 1908, on joua un match le 26 décembre, mais également le 25 décembre. Pour pimenter l’affaire, on fit de cette double affiche une sorte de match aller-retour. En 1908, Leicester accueillit Arsenal le 25 et s’en alla retrouver les Cannoniers à Londres le 26. Quand on le put - toujours histoire de tirer tout le jus de cette belle orange -, on fit en sorte que ces deux matches soient des derbys (Tottenham-Arsenal, en 1911). Les joueurs ne se plaignaient pas - ou sans qu’on les entende... -, même s’il leur fallait traverser toute l’Angleterre pour jouer cent quatre-vingts minutes en quarante-huit heures... La Grande Guerre ne changea rien à l’affaire, au contraire. La reprise du Championnat, en 1919, vit les clubs de Division One disputer trois matches en trois jours, du 25 au 27 décembre ! En conséquence, comme l’explique Hugh Hornby, conservateur du musée du Football de Preston, « les joueurs ne se retrouvaient pas seulement ensemble sur le terrain, mais aussi dans les trains et dans les hôtels, où ils faisaient parfois chambre commune », comme ces footballeurs d’Arsenal et de Cardiff qui firent la navette entre l’Angleterre et le pays de Galles en 1921, ou ceux de Manchester United et de Newcastle, qui allèrent jusqu’à partager leur dîner de Noël la même année. Pourquoi Boxing Day, se demandera-t-on ? Pour certains, parce que c’était alors que l’on ouvrait les boxes (troncs d’église) où étaient recueillies les aumônes faites aux pauvres de la paroisse ; pour d’autres, parce que c’était le jour où les fournisseurs des grandes maisons en faisaient le tour, une boîte (box) à la main, pour y recevoir les étrennes de leurs clients. A vrai dire, nul ne sait quelle explication est la bonne. Boxing Day, et cela devrait suffire, était le jour des plaisirs, au premier rang desquels le football. En cela, rien n’a vraiment changé.
R.I.P. Phil O’Donnell
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