Foot à Glasgow : « sacs à merde de cathos », c’est trop ?
Stephen Birrell, un supporter de 28 ans, s’est pas mal lâché l’hiver dernier. Sur la page Facebook de Neil Lennon, l’entraîneur du club de foot du Celtic Glasgow, il a dit :
« Hope they all die. Simple. Catholic scumbags. Haha. »
Version française :
« C’est bien simple. J’espère qu’il mourront tous, ces sacs à merde de catholiques. Ha ha. »
A Glasgow, le derby entre les catholiques du Celtic et les protestants des Rangers a toujours donné lieu à un flot d’insultes souvent à caractère religieux et d’anecdotes hallucinantes.
Exemple : en 2002, Neil Lennon, ancien capitaine du Celtic, a mis un terme à sa carrière internationale suite aux menaces de mort d’une organisation paramilitaire loyaliste.
Fier de détester les « cultivateurs de patates »
Sur Facebook, Stephen Birrell a aussi dit : « FTP ». « Fuck the pope. » « Fuck le pape », en presque français. Et aussi :
« Je suis fier de détester tous ces Féniens [terme générique qui désigne les nationalistes irlandais violents, ndlr] cultivateurs de patates. »
Résultat, il a été inculpé et condamné pour trouble à l’ordre public, avec comme circonstances aggravantes des incitations à la haine religieuse. Huit mois de prison ferme au lieu de douze, car il a plaidé coupable et reconnu avoir posté ces messages.
Jugement symbolique : huit mois de prison
Selon le Guardian, le juge chargé de cette affaire ne s’en est pas caché : le jugement de Birrell est symbolique.
« Je veux par cette décision mettre les choses au clair. En Ecosse et à Glasgow, personne de raisonnable n’autorisera des comportements de cette nature. »
Le jugement rouvre ainsi un débat public législatif. En mai dernier, après des violences entre supporters et pour que cela ne se reproduise plus, le premier ministre avait en effet proposé de durcir la loi sur l’incitation à la haine religieuse ou raciale, et de l’appliquer aussi aux messages postés sur le net.
Si la loi passe, les fans de foot condamnés pour ces motifs encourraient désormais jusqu’à cinq ans de prison et un bannissement des tribunes.
Stuart Waiton, chercheur en sociologie, mène une véritable campagne contre la condamnation de Birrell, son emprisonnement qu’il juge politique et cette proposition de loi. Le tout via son blog « Take a liberty ».
Il a notamment organisé une pétition, invité les clubs à s’unir dans cette lutte et enjoint tous les supporters de foot a se rebeller contre ce jugement jugé « drastique ».
« Je défendrai jusqu’à la mort ton droit »
Il ne s’agit, pour lui, pas tellement de défendre les propos de Stephen Birrell mais d’estimer qu’il avait le droit de les tenir. Sur le blog du sociologue, on trouve ainsi des tee-shirts proposés à la vente et où l’on peut ainsi lire :
« J’ai beau détester les choses que tu dis, je défendrai jusqu’à la mort ton droit à les dire. »
Les défenseurs de cette liberté d’expression estiment aussi que les propos de Birrell étaient certes insultants pour les catholiques, mais n’appelaient à aucune agression.
Ils remarquent par ailleurs que la loi déjà existante n’a pas exonéré le supporter de passer huit mois au frais et ne voient donc pas l’intérêt d’un changement de la loi.
Kevin Rooney, chercheur à la tête du département de sciences sociales de la Queens » School de Buchey, pense conclure le débat en affirmant dans une tribune :
« Quiconque se soucie un tant soit peu des libertés citoyennes devrait hurler de rage en apprenant l’emprisonnement de Stephen Birrell, et se mobiliser pour défendre la liberté d’expression et le droit des supporters de foot à être offensants, sur Facebook comme dans les tribunes d’Ibrox et du Celtic Park. »