Les Français passés au sein du club catholique racontent l’ambiance qui règne en tribunes avant Celtic - Juventus, ce soir...
Si le Vatican est sur le point de perdre son pape, il reste encore quelques lieux de culte dans ce bas monde. A Glasgow, le plus célèbre d’entre eux demeure le Celtic Park, l’antre du club catholique de la ville, prête à bouillir mardi soir pour la réception de la Juventus. Comme à chaque rencontre de Ligue des champions, 61.000 supporters en vert et blanc s’entasseront dans le « Paradise », un stade bâti tout près du cimetière de Janefield, où tout visiteur est promis à l’enfer. « Quand on joue pour ce club, ce qu’on ressent est inexplicable, indique Didier Agathe, ancien latéral du Celtic. A chaque fois que j’en parle, ça me donne des frissons. C’est un club à part. » Où le public joue pleinement son rôle de douzième homme, au point de faire tomber récemment le Barça.
Ceux qui enfilent le maillot du club parlent tous d’une transcendance immédiate. Pour en prendre le pouls, le Français a eu droit à un bizutage spécial en 2000. « Ils m’ont laissé seul dans le stade vide. On m’a dit : “tu restes là une demi-heure”. Tout de suite, on ressent quelque chose », avance celui que Glasgow surnommait « Bip bip », après chaque accélération dans son couloir.
Un joueur en pleurs dans le vestiaire
Pour son club de cœur, invaincu à domicile de 2001 à 2004 pendant 77 matchs, il se souvient d’avoir joué avec une déchirure de 8cm dans la cuisse contre Boavista. « On n’a jamais eu une équipe extraordinaire sur le papier, mais nos joueurs sont des guerriers qui se dépassent toujours pour leur public. » L’inverse est aussi vrai avec des stars incapables de supporter la pression populaire. Agathe se souvient d’un joueur arrivé de Liverpool, en pleurs dans le vestiaire après son premier match. « Il était titulaire et en trois minutes on l’a enlevé de l’équipe. »
Jean-Joël Perrier Doumbé, désormais retraité, n’est pas prêt non plus d’oublier l’ambiance du Celtic Park (entre 2007 et 2009). Le seul stade où il ne pouvait pas communiquer à plus de trois mètres de ses coéquipiers. « Tout ça t’enveloppe. On voit tous ces gens qui viennent en famille. C’est grandiose. En France, il y a un ou deux kops qui chantent. Là, tout un stade, debout avec des écharpes. » Forcément, le Camerounais est tombé de haut quand il a signé à Toulouse dans la foulée. « Là il y avait quelques trous d’air dans le stade… »
« Tout le monde scandait mon nom. Je ne l’oublierai jamais »
Paradoxalement, son plus grand souvenir de communion avec le public écossais reste une journée noire. Victime d’une rupture du tendon d’Achille contre le Milan AC, il avait reçu ce jour-là la plus belle ovation de sa carrière : « Je me tordais de douleur, mais quand on m’a transporté sur la civière, tout le monde applaudissait et scandait mon nom. Je ne l’oublierai jamais », souffle JNPD, qui frétille déjà à l’idée d’entendre le « You’ll Never Walk Alone » de mardi soir. Une bonne raison de ressortir du placard l’une de ses plus belles écharpes.