The Great Scottish Invasion
Revivez l’un des faits marquants de l’histoire de la sélection écossaise : le 4 juin 1977, l’Ecosse s’empare du stade de Wembley. Son équipe s’impose face à l’Angleterre, avant que ses supporters, la Tartan Army, ne déferle joyeusement sur la pelouse.
Il fut un temps pas si lointain où l’orgueilleuse Ecosse savait se montrer supérieure à la condescendante Angleterre. Dans les années soixante-dix, deux Coupes du Monde se sont déroulées sans les Anglais, laissant le onze d’Alba représenter seul un Royaume plus ou moins Uni. L’équipe d’Angleterre ne manquait pas de talents, mais ceux-ci semblaient bien plus préoccupés par leurs performances en club que par la sélection. Tout le contraire de l’Ecosse, également riche en individualités, mais capable de se transcender quand venait l’heure de défendre la grandeur du pays.
Le 4 juin 1977, les hommes de Ally Mac Leod se rendent à Wembley pour y affronter leur Auld Enemy, dans le cadre du British Home Championship, annuel tournoi des quatre nations britanniques. Le vainqueur de la rencontre sera désigné champion, et c’est donc dans une ambiance de Coupe du Monde que les vingt-deux acteurs entrent sur la pelouse, sous les vivas de 98.103 spectateurs.
L’équipe écossaise domine assez largement la rencontre. Elle ouvre le score juste avant la mi-temps par son défenseur Gordon McQueen qui reprend de la tête un coup franc tiré de la gauche. Les Scottish vont doubler la mise à l’heure de jeu. Johnston s’arrache pour rattraper un ballon sur le point de sortir et parvient à centrer juste avant de percuter un photographe. Le ballon parvient à Joe Jordan qui remet de la tête au centre pour Kenny Dalglish. Le joueur de Liverpool manque un peu sa reprise, et s’y reprend à deux fois pour tromper son habituel coéquipier Ray Clemence.
En toute fin de match, comme pour faire bonne mesure, l’arbitre accorde un généreux penalty aux Anglais, que Mike Channon transforme sans joie. L’Ecosse s’impose 2-1 et remporte le quatre-vingt-quatrième Home Championship, mais là n’est pas le plus important. A peine l’arbitre a-t-il sifflé la fin de la rencontre que les supporters écossais déferlent sur la pelouse.
Rapidement, l’aire de Wembley est envahie par une horde de jeunes gens affublés de perruques rousses, de kilts et de tee-shirts aux symboles d’Alba. La Tartan Army manifeste sa joie dans le désordre mais, sans commettre, il est important de le signaler, la moindre violence. Après avoir grimpé sur les montants, ils décident tout bonnement d’arracher les poteaux, les barres et les filets. Comme ce n’est sans doute pas assez, une bonne partie du gazon est également arraché pièce par pièce. Lorsque la marée des supporters refluera en ordre vers sa tribune, l’aire de jeu ne sera plus qu’une ruine : Plus de buts, plus de filets et une pelouse dépecée. L’opération aura duré une heure. Elle aura été tellement soignée que la police maintiendra longtemps que le coup avait été préparé bien à l’avance.
L’histoire se termine, place à la légende. Les montants de Wembley ont été ramenés au nord du mur d’Hadrien. On dit que quelque part sur un terrain de foot en Ecosse, il y a des buts et des filets qui sont ceux du match de 1977. On dit aussi que quelques jardins possèdent un morceau de la pelouse de Wembley. Seuls quelques initiés sauraient où se trouve réellement ce trésor. En Angleterre, l’incident a été subi comme une vexation. La recherche des poteaux deviendra même une sérieuse obsession nationale. A la question "Quelle mystère aimeriez vous percer en priorité ?", les sondages révélaient que les Anglais classaient l’emplacement des buts de Wembley 77 juste après celui où était caché Shergar, un fameux cheval de course qui venait d’être kidnappé.
Plus récemment, à l’heure où l’on reconstruisait Wembley, des internautes écossais firent savoir qu’ils souhaitaient que la passerelle principale du stade soit baptisée du nom de Jim Baxter [1]. Et promirent, si leur requète était acceptée, de ramener ces montants et filets estampillés Wembley 1977. Peine perdue. La revendication aura toutefois eu le mérite de réveiller une vieille légende endormie.